Abstract
L'article propose une analyse des activités méta‐cognitives qui permettent l'auto‐régulation par l'enfant des composantes de la décision du recours à l'aide instrumentale d'autrui pour la résolution d'un problème. Il présente deux expériences permettant l'étude des arguments déployés pour obtenir l'aide d'une personne choisie comme aideur potentiel. Lors de la première expérience 30 G et 30 F (âge moyen 9;0) participent individuellement à un “jeu de rôle” au cours duquel ils doivent convaincre un aideur potentiel de leur choix, de leur apporter l'aide dont ils ont besoin pour résoudre un problème cognitif, relationnel, ou matériel. Le rôle de l'aideur est tenu par l'expérimentateur. Celui‐ci formule 6 objections: (1) manque de motivation; (2) dérangement; (3) compétence insuffisante; (4) rétorsion pour manquements passés; (5) appel à l'autonomie du sujet; (6) contestation de la pertinence du choix de l'aideur. Les arguments développés par les sujets sont enregistrés, puis codés selon les catégories suivantes: (1) centrés sur soi; (2) centrés sur l'autre; (3) centrés sur la relation aideur/demandeur; (4) centration extérieure; (5) insistance sur la demande; (6) acceptation du refus de l'aideur. Lors d'une deuxième expérience 19 G et 19 F (âge moyen 6;8) doivent convaincre un aideur potentiel de les aider à résoudre un problème cognitif. Le paradigme expérimental est le même. Les résultats, pour les trois types de problème, et pour les deux âges, manifestent des patterns de même type. Cependant les enfants les plus jeunes produisent moins d'arguments. La négation directe de l'objection, qui n'apparaît jamais à 9 ans est relativement fréquente à 6 ans. L'acceptation du refus de l'aideur est plus fréquente à 6 ans qu'à 9 ans, principalement lorsque l'aideur choisi est un adulte. Les résultats sont discutés en termes d'ajustement des arguments des enfants aux objections des aideurs, et proposent une analyse différentielle en fonction des types d'aideurs choisis.