Abstract
La transition de la fécondité, amorcée au Canada à partir de la seconde moitié du xixe siècle, présente des contrastes régionaux saisissants. Elle s’est produite dans un contexte marqué par des différences culturelles et économiques majeures où s’opposent par exemple les deux provinces les plus populeuses : l’Ontario, majoritairement anglophone et protestante, avec des niveaux de fécondité parmi les plus faibles et le Québec, majoritairement francophone et catholique, avec des niveaux de fécondité parmi les plus élevés. Même si un tel contraste tend à accréditer la thèse d’une explication culturelle du déclin de la fécondité, nous ré-examinons ici cette interprétation à la lumière de travaux récents s’appuyant tour à tour sur les données agrégées ou manuscrites des recensements et même sur des sources qualitatives : les contrastes religieux apparaissent alors plus complexes que la seule opposition catholique/protestant ; le travail salarié des femmes joue également un rôle dans la différenciation des comportements reproducteurs, tout comme la fréquentation scolaire des enfants et le milieu de résidence des familles. Même s’il est difficile de parvenir à une compréhension complètement satisfaisante de ces phénomènes, la conjoncture récente semble permettre de nous en rapprocher.