Résumé: Avec le contrôle de 7 sujets normaux d'âge différent, nous avons étudié chez 24 diabétiques de 27 à 75 ans dont la maladie date de quelques mois à 19 ans. le comportement histochimique du derme cutané, d'aspect sain, prélevé par »drill biopsy«. Nous avons constaté:A — Des troubles dans le métabolisme des hydrates de carbone, se traduisant:— sur les vaisseaux:par une augmentation généralement très importante du taux des polysaccharides vasculaires et périvasculaires et augmentation du nombre et du volume des cellules de type mastocytaire.— sur le tissu conjonctif dermique:par 4 sortes de lésions:1° un dépôt de glycogène chez un petit nombre de sujets (3 cas);2° une augmentation de la concentration des mucopolysaccharides acides (4 cas);3° une absence de glycogène chez d'autres dont le derme apparaît scléreux (9 cas);4° la présence de substances Hotchkiss positives après incubation dans l'amylase qui, selon toute vraisemblance, sont des graisses non saturées (phospholipides) démasquées par l'hydrolyse puis l'oxydation en aldéhydes des groupes éthyléniques (8 cas).B — Des dépôts lipidiques:Décelés par les méthodes de routine, tantôt localisés dans le derme sous forme de petites gouttelettes de graisses neutres, très rarement acides, tantôt et plus frequemment au niveau de la paroi des vaisseaux dermiques où elles apparaissent d'abord dans la région sous‐endothéliale formant un mince liseré (graisses acides, graisses à radical carbonyl) puis, quoique plus rarement sous forme d'infiltration diffuse des graisses neutres de toute la paroi, mais la plupart de ces graisses sont toujours et partout en très minime quantité.L'augmentation de concentration des hydrates de carbone et des lipides surtout masqués dans le derme des diabétiques, très rarement libres, aboutit dans un certain nombre de cas à l'apparition d'une forme de métamorphisme connue sous le nom de hyaline.Jusqu'à présent, seules les lésions cutanées des diabétiques ont fait l'objet de recherches morphologiques, histologiques et chimiques; elles sont considérées comme étant de constitution essentiellement lipoïdiques et portent le nom de dyslipoïdoses diabétiques. L'étude de la peau normale ou soi‐disant telle du diabétique nous montre en réalité qu'il s'agit de dysmétabolismes étendus non seulement aux graisses, mais également aux hydrates de carbone et selon toute vraisemblance dans les cas extrêmes, aux protéines. Les lésions sont done des dysglucido‐lipidoprotéinoses avec, selon la prédominance de telle substance des dysglucido‐lipidoses, des dyslipido‐protéinoses.Service d'endocrinologie de l'Hôpital Beaujon: Dr E. Azerad.Laboratoire d'Anatomie‐Pathologique de l'Hôpital Boucicaut: Professeur agrégé Jean de Brux.