La crise sanitaire en Russie. I. Tendances récentes de l'espérance de vie et des causes de décès de 1970 à 1993

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Abstract
Depuis le milieu des années soixante, l'évolution de l'espérance de vie en Russie a nettement divergé de celle de la plupart des pays occidentaux. La vie moyenne a stagné pour les femmes et diminué pour les hommes jusqu'au début des années quatre-vingt. Une nette mais éphémère reprise des progrès a suivi la campagne antialcoolique mise en place par Gorbatchev en 1985. Depuis 1987, la baisse a repris pour les deux sexes et s'est même accélérée en 1993. La correction de la probable sous-estimation de la mortalité infantile ne remet pas en cause la tendance défavorable observée, qui est surtout liée à une augmentation de la mortalité aux âges adultes, notamment chez les hommes. Grâce à des données inédites sur les causes de décès, il a été possible de reconstituer des séries annuelles (1970-1993) de décès par cause classés dans les 185 rubriques de la Classification soviétique des causes de décès. Le poids de la hausse des maladies cardio-vasculaires, contre lesquelles le système de santé n'a pas su mettre en place des armes efficaces, est écrasant sur le long terme dans l'évolution défavorable de la mortalité. Les morts violentes ont été le principal moteur de la forte fluctuation de la fin des années quatre-vingt. Enfin, la dégradation récente de 1993 touche l'ensemble des causes de décès et tient sans nul doute à la crise économique qui s'accompagne d'une désorganisation profonde du système sanitaire. /// Since the mid-1960s, the trend of life expentancy at birth in Russia has differed from those of the majority of other Western populations. Until the beginning of the 1980s, life expectancy of women has remained unchanged, andthat of men has declined. Some progress was made following the anti-alcohol campaign launched by Gorbachev in 1985, but it proved to be ephemeral. After 1987, the fall in life expectancy continued for both sexes, and even accelerated in 1993. The decline is not affected by correcting the level of infant mortality which has been underestimated, because the negative trend is linked mainly to a rise in adult mortality rates, particularly among men. Unpublished data on causes of death have made it possible to construct time series for the period from 1970 to 1993 for deaths classified into the 185 causes in the Soviet Classification of Causes of death. Increases in the prevalence of cardio-vascular diseases which the health system was unable to treat have contributed to the long-term negative trend. Deaths from violence were responsible for fluctuations towards the end of the 1980s. Finally, the recent fall in life expectancy in 1993 applies to deaths from all causes and is undoubtedly related to the economic crisis in that year which contributed to the disorganization of the health system. /// Desde mediados de los años sesenta, la esperanza de vida en Rusia ha evolucionado de forma distinta a la de la mayoría de países occidentales. La media de vida femenina se estancó y la masculina disminuyó hasta mitades de los años ochenta. La campaña anti-alcoholismo puesta en marcha por Gorbatchev en 1985 causó una claro pero efímero progreso. Desde 1987, la disminución ha continuado para ambos sexos, acelerándose desde 1993. La corrección de la probable sub-estimación de la mortalidad infantil no modifica la tendencia descrita, causada más bien por un aumento de la mortalidad en edades adultas, especialmente en el caso de los hombres. Utilizando datos inéditos sobre las causas de defunción se han podido reconstituir series anuales (1970-1993) de mortalidad por causa siguiendo las 185 rúbricas de la clasificación soviética. El aumento de las enfermedades cardio-vasculares, contra las cuales el sistema sanitario no ha encontrado armas eficaces, es la razón principal de la evolución desfavorable de la mortalidad. Las muertes violentas han sido el principal motivo de la fuerte fluctuación observada al final de los ochenta. El deterioro más reciente, posterior a 1993, atañe al conjunto de causas de mortalidad y se explica sin duda por la crisis económica, a la que se ha añadido una desorganización profunda del sistema sanitario.

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