Abstract
Pendant les trois dernières décennies, la population des villes petites et moyennes dans les pays développés a évolué d'une façon significative mais aussi souvent contrastée. Ceci implique une évolution démographique future incertaine pour ces villes. Dans les années 60, la situation était relativement simple : l'exode rural favorisait toujours la concentration de la population dans les régions urbaines les plus importantes. Ensuite, dans les années 70 et au début des années 80, cette tendance s'est inversée sous l'effet de l'exurbanisation, phénomène qui a éliminé les problèmes précédents de stagnation des populations rurales et de déclin des petites villes. Dans une première partie, l'auteur passe en revue les contextes nationaux de l'évolution démographique. Il montre ainsi les liens qui peuvent exister entre les tendances qui caractérisent les villes petites et moyennes dans les régions non- métropolitaines et les zones rurales et celles des aires métropolitaines et des zones rurales. Cette vue d'ensemble met aussi en évidence les contrastes qui subsistent entre différents pays développés en matière d'exurbanisation. Ce phénomène, lié a un ralentissement généralisé de la croissance urbaine, a tout d'abord été reconnu aux Etate- Unis au début des années 70. Par la suite, des tendances comparables ont été signalées dans les pays européens, bien que l'importance de cette exurbanisation varie souvent en fonction de l'histoire et de la géographie du pays en question. Ainsi, est-elle apparue en premier dans les pays tels que la France, le Royaume-Uni et Гех-RFA avant de caractériser d'autres pays, dont l'Autriche, l'Irlande, et l'Italie. A partie des années 80, de nouvelles tendances apparaissent, provoquées par un deuxième renversement des flux migratoires : les régions non- métropolitaines connaissent un ralentissement de leur croissance, tandis que les aires métropolitaines témoignent d'une nouvelle évolution positive de leur population. Encore une fois, ce phénomène se produit et se généralise initialement aux Etats- Unis avant de se manifester dans certains pays européens (par exemple, les Pays Bas, Гех-RFA et la Suède). Plus récemment il semble que de nouveaux changements soient en cours, notamment aux Etats-Unis : les régions non-métropolitaines connaissent une nouvelle vague de croissance. Le contexte démographique dans lequel les villes petites et moyennes évoluent est alors complexe et changeant. Cependant, il est clair que la période de fort exode rural et de croissance rapide des grandes villes soit terminée. L'auteur privilégie, dans une deuxième partie, l'étude de l'évolution démographique des régions non-métropolitaines. Il en ressort que ce sont les régions peu peuplées gardant un caractère très rural qui ont surtout connues une évolution peu favorable. De la même manière, les petites villes situées à l'intérieur d'une région métropolitaine connaîtraient une croissance plus rapide que celles localisées dans les régions rurales éloignées de tout centre urbain important. Ceci est notamment le cas en France. Aux Etats-Unis, à partir des années 60, les forces de décentralisation sont particulièrement fortes, favorisant surtout l'accroissement de la population dans les petites villes (de moins de 25 000 habitants) qui entourent les grands centres urbains. Pendant les deux décennies suivantes, ce processus s'intensifie. D'une manière générale, les taux de croissance augmentent parallèlement à la diminution de la taille de ces villes. Dans les années 90, les régions non- métropolitaines connaissent une nouvelle poussée démographique, principalement dans les zones attirant touristes et retraités et offrant des emplois de services. Ce phénomène illustre bien l'importance accordée aux mouvements migratoires pour expliquer l'augmentation de la population dans ces mêmes régions, car l'accroissement naturel joue un rôle de moins en moins déterminant en raison du vieillissement des habitants. Ce vieillissement a d'ailleurs été renforcé par le départ de jeunes actifs, mouvement dû à la métropolisation des années 80. Des recherches menées aux Etats-Unis montrent que la déconcentration de la population repose sur plusieurs facteurs, dont l'influence de nouveaux déterminants de localisation pour les entreprises et le désir des citadins de s'installer dans des villes de taille modeste et des zones rurales. En réalité, cette déconcentration s'avère souvent complexe. D'une part il s'agit d'exurbanisation et de transfert de population des grands centres urbains vers les petites villes à travers des niveaux succes-sifs de la hierarchie urbaine ('counterurbanization cascade') ; d'autre part, la décentralisation à une échelle locale de la population de villes moyennes vers des lieux d'habitation environnants. A l'avenir, cette redistribution de la population en faveur des régions non-métropolitaines devrait dépendre de trois facteurs. Le premier d'entre eux est lié à l'augmentation du nombre de retraités désireux de quitter les zones urbaines encombrées et possédant les moyens financiers nécessaires. Le deuxième concerne des pressions exercées (pénurie de logements, offre insuffisante d'emplois) sur la population à l'intérieur des grands centres urbains, encourageant le départ de celle-ci. Un dernier facteur serait la conséquence d'une saturation du marché immobilier, provoquée par une multiplication du nombre de ménages dans les grandes villes. Des changements de société expliquent cette tendance, avec de plus en plus de personnes vivant seules (jeunes, divorcés, retraités) ou dans des familles monoparentales. Dans un contexte démographique en évolution permanente, les petites villes et les villes moyennes des régions non- métropolitaines des pays développés connaissent d'importants changements. Elles deviennent...

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