Abstract
Au lendemain du VI* Congrès du parti ouvrier unifié polonais une commission mixte du parti et du gouvernement fut créée pour la modernisation du fonctionnement de l'économie et de l'Etat; elle élabora en 1971-1972 un nouveau système de gestion des organisations économiques polonaises . Ce sont les entreprises pilotes ou Grandes Organisations Economiques (W.O.G.) qui furent chargées de mettre en pratique le nouveau système économique et financier. L'objet de l'article est de tenter de déterminer, à partir des principes et de la courte période (3 ans) de fonctionnement s'il s'agit d'un aménagement de l'ancien système de planification administrative ou de sa transformation en une nouvelle forme de gestion des entreprises polonaises. Après avoir indiqué l'importance que tiennent dans l'industrie polonaise les entreprises pilotes (chap. I), l'auteur s'interroge sur le sens des modifications qu'apporte la réforme à l'organigramme de l'industrie polonaise. Les centrales des entreprises pilotes sont-elles un nouvel échelon administratif comme il en fût des anciennes unions ou de véritables états-majors d'unités économiques. D'après les structures organisationnelles mises en place, il semblerait que ces concentrations, traduisant un souci pour les économies d'échelle, constituent bien des entités économiques, bénéficiant d'une assez large autonomie (chap. II). Dans la seconde partie de l'article, l'auteur s'intéresse aux principales caractéristiques du fonctionnement de ce système. Le chapitre I présente le rôle joué par le plan dans le nouveau système. Le plan cesse d'être le critère du succès pour se présenter comme le cadre d'une action. Mais les limites du plan coercitif n'ont pas été précisées, et le système de remplacement des mécanismes concrets de fonctionnement n'a pas été encore mis en place, aussi l'ancien modèle de planification semble se maintenir dans la pratique. Le nouveau système se base pourtant sur des instruments indirects. Le système de motivations repose essentiellement sur l'utilisation d'un nouvel indice, celui de la production ajoutée, qui représente la valeur ajoutée de l'entreprise plus les variations de ses stocks. Le fonds de salaires est calculé à partir d'un paramètre, variable selon le type d'entreprise, dont le but essentiel est de définir une norme entre l'accroissement du fonds de salaires et l'accroissement de la production ajoutée. Si pour le fonds de salaires le stimulant matériel essentiel repose sur cette production ajoutée, le fonds des primes des cadres, lui, est déterminé par l'accroissement du bénéfice de l'entreprise. Le critère central dans le système de stimulants matériels mis en place est celui de la production ajoutée, c'est donc elle qui doit inciter les entreprises pilotes à éliminer les investissements non rentables, puisque maintenant, l'autofinancement est de règle. Les moyens financiers proviennent soit du crédit, soit des fonds propres, les dotations n'étant qu'exceptionnelles. Cependant, on constate que la planification des investissements reste soumise dans la plupart des cas aux décisions des pouvoirs centraux. La contradiction du nouveau système de planification des investissements réside dans le fait que ceux-ci, tout en étant financés par les moyens propres de l'entreprise (crédit remboursable et fonds propres), restent imposés <T « en haut ». Les difficultés d'application du nouveau système résultent donc avant tout de la coexistence de deux systèmes, l'ancien et le nouveau. L'intégration des différents éléments et leur coordination n'a pas été encore assurée. Le problème le plus important que pose le succès de la réforme est celui des prix. En effet comment pourraient-ils transmettre à l'entreprise les informations sur la demande, et comment pourraient-ils être des instruments de mesure de la rentabilité d'une production s'ils restent en désaccord avec la rareté et la valeur effective des biens sur le marché et, qui plus est, avec la politique économique gouvernementale, qui seule pourrait justifier ces distorsions. L'introduction des prix de transaction et des prix de nouveautés n'est qu'une solution partielle et à terme. Quant au contrôle de la Commission d'Etat pour les prix, il ne peut rester que limité et ponctuel. Compte tenu des difficultés concrètes que rencontre l'application du nouveau système, l'auteur de l'article s'interroge sur sa cohérence interne et sur son efficacité (IIP partie). La synchronisation entre l'action et les objectifs poursuivis n'a pas été assurée, par exemple en ce qui concerne la politique des prix ; le danger d'un conflit entre l'intérêt de l'entreprise et l'intérêt général n'a donc pu être éliminé. Quant à la politique des revenus, l'application du critère de la production ajoutée provoque l'accentuation des différences entre les salaires. En dernier lieu la gestion par les méthodes directives n'a pas été suffisamment synchronisée avec l'utilisation des instruments économiques. Les contradictions entre les deux types d'instruments risquent de rendre les...

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