Insertion et gestion socio-politique de l'identité culturelle : le cas des Antillais en France
- 1 January 1987
- journal article
- research article
- Published by PERSEE Program in Revue Europeenne Des Migrations Internationales
- Vol. 3 (3) , 31-48
- https://doi.org/10.3406/remi.1987.1143
Abstract
Insertion et gestion socio-politique de l'identité culturelle : les Antillais en France. Michel GIRAUD et Claude-Valentin MARIE Les « Assises pour l'insertion des originaires des DOM-TOM en France » de 1983, puis les « Etats Généraux des Associations des Originaires d'Outre-Mer » de 1987, sont un tournant dans l'attitude des pouvoirs publics à l'égard de ces populations : reconnaissance des réalités et problèmes spécifiques de celles-ci, volonté déclarée de les prendre en compte. Mais elles sont aussi une tentative de canaliser et de réguler la montée de revendications et d'aspirations jugées jusque là irrecevables. Ces dernières traduisent la mobilisation communautaire et l'affirmation identitaire de ces populations (qui sociologiquement, sont en pleine évolution) en réaction à leur marginalisation sociale et aux désillusions que celle-ci a fait naître. Cette dynamique s'est déplacée du terrain des luttes syndicales, premier lieu privilégié de leur manifestation, vers celui de l'activité associative et de la célébration de l'identité culturelle (bal, concerts, créations théâtrales). Le passage est significatif d'une évolution des stratégies socio-politiques mises en œuvre par ces populations, pour améliorer les conditions de leur insertion dans la société française : les solidarités de type professionnel ou l'appartenance de classe cèdent le pas aux solidarités de type communautaire, en partie à cause de l'inaptitude et des réticences des appareils syndicaux à prendre en compte la spécificité de leurs revendications. L'identité culturelle se constitue ainsi en ressource politique : les revendications spécifiques adressées aux pouvoirs publics, et, par delà, à la « société d'accueil », sont légitimées par l'affirmation de la différence. Cependant, cette dynamique connaît des limites. Du fait de leur grande hétérogénéité sociale, les communautés originaires de ces départements restent divisées entre les stratégies opposées (bien que parfois paradoxalement cumulées), de « l'intégration républicaine » et de « la différence identitaire ». Pour combien de temps ?Keywords
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