Abstract
L'article examine la méthodologie et le raisonnement qui ont conduit Lipset à qualifier d'« égalitaires » les démocraties américaine et australienne et d'« élitistes » celles du Canada et de la Grande-Bretagne. A partir de statistiques scolaires, Lipset soutient que ces deux derniers pays se classent au bas d'une échelle indiquant la proportion de leur jeunesse qui fréquente les institutions éducatives de niveau tertiaire, alors que les deux autres pays viennent aux premiers rangs. Les calculs de Lipset sont erronés; de fait, les chiffres, à ce sujet, placent le Canada bien en avant de l'Australie et assez près des Etats-Unis. Aussi l'auteur met-il en doute la conclusion à laquelle Lipset arrive voulant que des attitudes sociales égalitaires résultent en Australie, comme c'est le cas aux Etats-Unis au dire de Lipset, de la tolérance de mouvements politiques de style populiste et insurrectionnel alternant avec la chasse aux sorcières. L'article montre que l'Australie et le Canada se ressemblent davantage selon certains aspects que l'un ou l'autre pays ne ressemble aux Etats-Unis; le fait est expliqué par la prédominance de la culture britannique chez ces deux pays qui ont mis fin plus tardivement à leur étroite relation politique avec la Grande-Bretagne. La culture britannique apparaît clairement dans les institutions, les partis et la pratique politique. Ainsi, il semble que l'existence de partis socio-démocrates au Canada et en Australie, mais non aux Etats-Unis, soil due à l'influence plus grande des immigrants anglais chez ces deux pays du Commonwealth.

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