Abstract
L'idée de laïcité n'est pas soustraite à l'histoire. C'est pourquoi il est illusoire de postuler son sens dans l'absolu. Aujourd'hui, comme en d'autres époques, sa valeur politique tend à se polariser sur une opposition binaire entre une acception libérale et une acception anti-libérale dite républicaine. Toutefois, trois traits semblent particuliers aux années 1990 : — une disjonction entre l'acception politique dominante de la laïcité et sa force juridique, gagée par la Constitution et cadrée par des instruments juridiques internationaux ; — l'orientation nationalitaire du débat, pointant vers les populations issues de l'immigration musulmane, et questionnant leur appartenance à la nation ; — enfin, l'inscription du débat dans la problématique globale de la modernisation des formes scolaires, laquelle véhicule à la fois une épistémologie constructiviste et interactionniste, et une éthique laïque et libérale. Les « affaires de foulards » sont un analyseur de cette complexité.

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