Défense Du Territoire Et Reconnaissance Individuelle Chez Xiphophorus (Pisces, Poeciliidae)
- 1 January 1975
- Vol. 52 (3-4) , 266-311
- https://doi.org/10.1163/156853975x00074
Abstract
On sait que chez les poissons du genre Xiphophorus, l'établissement d'une relation hiérarchique peut être déterminé par les effets de la priorité de résidence: les poissons qui ont été isolés dans un nouvel environnement réagissent agressivement à l'intrusion d'un congénère et dominent le plus souvent des intrus de même taille. L'objet de ce travail était de savoir si la reconnaissance individuelle était susceptible d'inhiber l'effet de la priorité de résidence sur l'agressivité et la dominance des Xiphophorus ♂ ♂. Nous avons réalisé deux expériences différentes (exp. i, exp. 2), dont le schéma expérimental était identique. Après une phase pré-expérimentale, au cours de laquelle un membre de chaque paire était dominant (α) envers l'autre, les poissons dominés de chaque paire (ω) étaient séparés de leur despote et isolés pendant 3 heures. Ensuite, les anciens poissons α étaient introduits dans les aquariums qui étaient occupés par des anciens poissons ω. Dans les paires du groupe Expérimental (E), les résidents et les intrus s'étaient connus lors de la phase pré-expérimentale; dans les paires du groupe Contrôle (C), les intrus étaient transférés dans l'aquarium d'un résident inconnu, qui avait été dominé par un autre poisson α au cours de la phase pré-expérimentale. De la sorte, l'expérience sociale immédiate était comparable pour les poissons des paires E et pour ceux des paires C ; les différences de taille entre les membres des paires E et C n'étaient jamais statistiquement significatives, et les membres des paires E et C étaient de morphologie semblable. Les résultats de la phase pré-expérimentale ont démontré que l'agressivité et la dominance des poissons ne présentaient aucune différence significative avant l'application de la variable indépendante. Dans les paires de l'exp. 1 (48 paires), la durée de la phase pré-expérimentale était de 24 heures, alors que pour les paires de l'exp. 2 (60 paires), la durée de ce contact social était de seulement 3 heures. Les résultats de la variable dépendante ont fait apparaître que les poissons des paires E et C présentaient des différences significatives dans la fréquence de leurs comportements agressifs et de leur dominance. - Dans les paires de l'exp. i, les résidents ont effectué beaucoup plus fréquemment les premiers comportements agressifs (nages de menace, attaques) devant un intrus inconnu (paires C) que devant leur ancien dominant (paires E). Ces résultats ne sont pas apparus pour l'exp. 2. - Dans les paires de l'exp. I, le nombre des nages de menace réciproques était significativement plus élevé entre les poissons des paires C qu'entre les poissons des paires E. Ce résultat ne s'est pas confirmé pour l'exp. 2. - Dans l'exp. i comme dans l'exp. 2, la dominance des résidents fut beaucoup plus fréquente au sein des paires C qu'au sein des paires E. Dans la grande majorité des paires E, les intrus furent les poissons dominants; dans les paires C, au contraire, les résidents ont dominé deux fois plus souvent environ que les intrus inconnus. - Après l'apparition d'une relation hiérarchique nette, les poissons dominants de l'exp. i ont effectué un nombre total de comportements agressifs significativement plus élevé à l'égard d'un congénère inconnu qu'à l'égard d'un dominé connu. Dans les paires de l'exp. 2, les dominants ont attaqué davantage un congénère inconnu qu'un congénère connu. Au contraire, les approches des poissons dominants furent plus nombreuses au sein des paires E qu'au sein des paires C; par rapport au nombre de leurs attaques, les dominants de l'exp. 2 ont plus fréquemment effectué des nages de menace devant un congénère connu que devant un congénère inconnu. Les résultats de nos deux expériences permettent donc de conclure que la reconnaissance individuelle inhibe les réactions aggressives et la dominance des poissons avantagés par la priorité de résidence. En conséquence, la reconnaissance individuelle constitue un facteur plus important que la défense d'un territoire individuel dans la détermination de la dominance chez Xiphophorus. Les résultats des paires C démontrent que l'effet de la priorité de résidence sur la dominance est déterminant après un isolement de seulement 3 heures; les résultats des paires E démontrent que la reconnaissance d'un congénère individuel persiste après un isolement de 3 heures. Dans notre discusson générale, nous envisageons les relations qui existent entre la priorité de résidence et la territorialité; le fait que la reconnaissance individuelle favorise la stabilité temporelle des hiérarchies au sein des paircs de Xiphophorus suggère qu'une véritable territorialité est absente chez nos poissons et chez d'autres Poecilides.Keywords
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