Les plantations allemandes du mont Cameroun (1885-1914)
- 1 January 1970
- journal article
- research article
- Published by PERSEE Program in Revue Francaise D'histoire D'outre-Mer
- Vol. 57 (207) , 183-213
- https://doi.org/10.3406/outre.1970.1503
Abstract
Bien que les possibilités agricoles de la région du Mont aient été remarquées très tôt et que les sociétés Woëermann et Jantzen-Thôrmaleen y aient acquis des terres dès 1885, l'essor des grandes plantations ne commença pas avant 1897. Diverses raisons se conjuguèrent alors pour l'encourager : l'influence du modèle portugais, l'action de personnalités locales comme Puttkamer et Zintgraff, l'intérêt de milieux d'affaires allemands, détourné vers le Cameroun, enfin l'aval des techniciens. En 1914, les sociétés du Mont Cameroun contrôlaient plus de 90.000 ha et en cultivaient 18.000, chiffres peu éloignés de ceux d'aujourd'hui. Trois « grands », la West Afrikanische Pflanzung Victoria, la West Afrikanische Pflanzung Bibundi et la C. W. Afrikaus (Woërmann) possédaient plus des deux tiers des terres et les mêmes noms se retrouvent dans la plupart des conseils d'administrations. Une monopolisation du sol, longtemps tolérée par l'Administration, s'effectua. Mais les sociétés se heurtèrent à la Mission de Bâle qui réussit, non sans difficultés, à obtenir la création de « Réserves ». Surtout, les sociétés rencontrèrent un grave problème de main-d'œuvre, la population locale étant insuffisante. On eut recours à l'engagement de « volontaires » (Bamiléké) et à l'utilisation de travailleurs « forcés » (Boulou). Les abus du recrutement et du travail furent dénoncés par les commerçants, concurrents des planteurs ; en 1914, le Cameroun était doté d'une législation du travail très en avance sur les autres colonies de l'ouest africain. Le bilan semble positif. Les cultures de cacao, d'arbres à caoutchouc et de palmiers à huile arrivent à leur période de pleine production en 1914. Les bilans publiés font apparaître de larges dividendes. Cependant certaines difficultés techniques (erreurs culturales) ou de conjoncture (effondrement des cours du caoutchouc) font déjà apparaître la nécessité de reconversions. Au total, ce type de mise en valeur, car on peut parler de mise en valeur à la différence des sociétés concessionnaires, paraît coûteux ; ses aspects les moins rentables ont d'ailleurs été pris en charge par l'État dans son jardin de Victoria. Les résultats obtenus ailleurs par l'agriculture indigène (Gold Coast) et le choix économique des années 1910, expliquent le recul relatif de l'agriculture capitaliste au Cameroun.Keywords
This publication has 0 references indexed in Scilit: