Introduction
- 1 September 2001
- journal article
- other
- Published by SAGE Publications in Social Compass
- Vol. 48 (3) , 307-313
- https://doi.org/10.1177/003776801048003001
Abstract
Les “nouveaux mouvements religieux” (prophétismes, syncrétismes ou messianismes) qui ont émergé sur la scène africaine à partir des années 30 ont largement alimenté l’idée d’une modernité religieuse africaine en rupture avec l’enfermement du continent dans la tradition. Cette modernité a perdu de son évidence aux lendemains des Indépendances et l’effervescence religieuse des dernières décades associant néo-traditionalismes et mouvements fondamentalistes, islamiques ou évangéliques, accentue le trouble. Parler de “mouvements” ou de “reprise d’initiative”, comme on l’a fait dans les années 50, c’était reconnaître dans ces entreprises une dimension dynamique et innovatrice, quitte à prendre le risque de reléguer un peu rapidement les cultes traditionnels aussi bien que les religions missionnaires établies dans le conservatisme et la reproduction (Ranger, 1986). La conversion aux valeurs des “temps modernes” était sans doute présente dans le discours de certains prophètes de culture protestante comme Harris appelant à rompre avec le passé et à brûler tous les fétiches. De même la dimension messianique de mouvements comme le kimbanguisme congolais pouvait se lire comme l’expression d’un souci d’émancipation politique. Bien plus, les dispositifs d’aveu ou de confession mis en place dans les cultes syncrétiques et les Eglises prophétiques semblaient offrir aux frères noirs des formes de transition pour se libérer des contraintes d’un communautarisme villageois et de la jalousie agressive des esprits sorciers, autant d’obstacles au désir légitime d’entreprise et de réussite individuelle. Les débats suscités dans la communauté des anthropologues, notamment entre M. Augé et A. Zempléni, par les “confessions en diable” du prophète Atcho de Bregbo (Côte d’Ivoire) montraient néanmoins, dès les années 70, que, dans la grille de lecture des maux du présent, le glissement du schéma sorcellaire de la persécution par l’autre à la culpabilité individualisante, voie royale de la formation des sujets modernes, n’avait rien de linéaire, ni d’univoque (Piault, 1975). Sur un autre terrain d’avant garde, l’Afrique du Sud, l’alternative bien connue entre les grandes Eglises indépendantes “éthiopiennes” épousant le modèle des Eglises blanches dans une revendication d’égalité et les petites Eglises prophétiques “sionistes” luttant contre les maux de la modernité en se plaçant sous la protection mystique de l’Esprit Saint, n’était pas sans ambivalence (Kiernan, 2000)Keywords
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- Religious Movements and Politics in Sub-Saharan AfricaAfrican Studies Review, 1986