Questions de géomorphologie dans l'ouest du Kunlun et du Tibet

Abstract
A partir d'une traversée effectuée en 1989 dans l'Ouest du Tibet, nous présentons nos principaux résultats, en les plaçant dans la perspective des recherches pluridisciplinaires réalisées au cours de ces vingt dernières années sur l'ensemble du Tibet et de sa ceinture montagneuse. L'organisation majeure des reliefs actuels résulte de la collision Inde-Asie (Eocène) et de ses conséquences à l'échelle continentale : apparition d'un haut plateau par épaississement de la croûte lithosphérique (altitude actuelle moyenne ~ 5 000 m), formation de chaînes de subduction continentale dont la surrection n'est pas achevée (Himalaya, Kunlun). Sur le Plateau, l'activité néotectonique (décrochements, failles normales), bien que localisée, est à l'origine du cloisonnement des reliefs et de la désorganisation du réseau hydrographique (endoréisme généralisé ; cuvettes lacustres). Les conditions actuelles, désertiques et continentales, sont extrêmes: P < 100 mm/an ; T.M.A. < 0 °C ; indigence des écoulements ; modelés éoliens et périglaciaires. La morphologie du Tibet est surtout héritée : vastes topographies d'aplanissement fini-tertiaires, traces d'englacements quaternaires limitées aux secteurs récemment soulevés (pas de preuve de l'existence d'un inlandsis tibétain), témoins de périodes plus humides (épandages fluviatiles, remplissages lacustres) de la fin du Quaternaire et de l'Holocène. Nos observations, confrontées aux autres données géologiques (bilans sédimentaires, vitesse de dénudation des batholites, ouverture des grabens du sud-Tibet) et paléoclimatiques (initiation de la circulation de mousson et des dépôts de lœss en Chine, il y a 2.5 M.A.), confortent l'idée que le Tibet avait, à l'aube du Quaternaire, sans doute déjà acquis une altitude moyenne proche de 4 000 m.

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