Abstract
Seule une fraction des microfilaires ingérées par le vecteur passe dans l’hémocèle et peut se développer en stades infestants. Il existe deux types de relations numériques entre microfilaires ingérées et microfilaires passées dans l’hémocèle :1)la proportion des microfilaires passées dans l’hémocèle augmente en fonction du nombre des microfilaires ingérées : c’est la facilitation, observée chez le couple Wuchereria bancrofti - Anopheles gambiae A (457 ♀ disséquées) et étudiée dans un article précédent.2)le nombre des microfilaires passées dans l’hémocèle est proportionnel au nombre des microfilaires ingérées pour les faibles prises de microfilaires ; puis, quand le repas est plus riche en microfilaires, il atteint un chiffre limite : c’est la limitation, mise en évidence chez 3 couples : Wuchereria bancrofti - Aedes aegypti (100 ♀ disséquées), Setaria labiatopapillosa - A. aegypti (357 ♀ disséquées), Onchocerca volvulus - Simulium damnosum (550 ♀ disséquées).1) Interprétation du phénomène de limitation.Aucune image histologique ne permet de l’expliquer. Par contre, un ensemble de faits, issus d’analyses des résultats numériques, conduit à une hypothèse qui fait intervenir à la fois l’état physiologique et le mode de dispersion des microfilaires chez l’hôte vertébré.a)Chez les 3 couples Filaire-vecteur, présentant le phénomène de limitation, on constate que le nombre des microfilaires passées dans l’hémocèle est proportionnel au nombre des microfilaires ingérées jusqu’à un nombre critique de microfilaires ingérées, que nous appelons le seuil de limitation (il est de 25 microfilaires chez Wuchereria - Aedes, 6-9 microfilaires chez Setaria - Aedes et 3 microfilaires chez Onchocerca - Simulium) ; au-dessus de ce seuil, la proportion décroît. Tout se passe donc comme si le vecteur qui fait de petits repas de microfilaires prélevait des microfilaires physiologiquement aptes à traverser la paroi stomacale (microfilaires +) et que le vecteur qui fait des repas riches en microfilaires prélevait des microfilaires inaptes à traverser la paroi stomacale (microfilaires-).b)L’analyse de la distribution des vecteurs en fonction du nombre de microfilaires ingérées montre qu’une partie des femelles semble prélever ses repas dans un milieu où les microfilaires ont une dispersion homogène (distribution des femelles selon une courbe de Poisson) et qu’une autre partie des femelles semble prélever des microfilaires dans un autre milieu, où elles sont dispersées de façon anarchique et en densités plus fortes (distribution des femelles « non poissonienne »). Les deux ensembles de distributions se recouvrent légèrement, à leur contact.c)Si l’on marque en abcisses sur les histogrammes de distribution des femelles le seuil de limitation, on constate qu’il correspond à la séparation entre la population des femelles à distribution essentiellement poissonienne et le reste de la population, comprenant l’aire de recouvrement plus la distribution résiduelle. Cette corrélation (retrouvée trois fois) signifie pour nous que la population des femelles chez laquelle le pourcentage de réussite des microfilaires est élevé correspond à la population des femelles qui a une distribution poissonienne. Ainsi, les microfilaires dispersées de façon homogène semblent correspondre aux microfilaires aptes à traverser la paroi stomacale (microfilaires +).d)La possibilité, pour un même vecteur, d’ingérer des « microfilaires + » ou des « microfilaires » semble être étayée par la mise en évidence chez A. aegypti de deux mécanismes de piqûre (Gordon et Lumsden, 1939).2) Conséquences.L’étude de la distribution des vecteurs en fonction du nombre des microfilaires ingérées apparaît comme un moyen de mesurer le degré de coaptation du couple Filaire-vecteur. Dans le cas d’une parfaite adaptation, seules les « microfilaires + » doivent être ingérées, ce qui se traduira par une distribution poissonienne du vecteur. Le couple Dipetalonema perstans - Culicoides austeni semble réaliser cet équilibre (chiffres publiés par Nicholas et Kershaw, 1954).Au contraire, chez Onchocerca - Simulium (souche voltaïque), la plupart des Simulies ingèrent des microfilaires inaptes à traverser la paroi stomacale. Mais ce même couple, en région forestière du Cameroun ne paraît pas présenter un tel degré d’inadaptation (chiffres de Duke et Lewis, 1964). L’adaptation Filaire-vecteur, qui est le résultat d’une longue suite de sélections, varie d’une région géographique à l’autre. From all microfilariae ingested by the vector, only a fraction of the total lot is able to reach the hoemocel and develop into infective stages. The numerical relations between the ingested lot and the hoemocel-reaching microfilariae are of two kinds.1)The percentage of the hoemocel-reaching microfilariae increases with the number of ingested parasites : it is the facilitation phenomenon which has been observed in...

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