Les grands écroulements rocheux de 1920 et de 1997 sur le glacier de la Brenva (massif du Mont-Blanc) : un vecteur géomorphologique pour la reconstitution de l'histoire holocène d'un bassin glaciaire de la haute montagne alpine
- 1 January 2003
- journal article
- Published by PERSEE Program in Collection Edytem. Cahiers de Géographie
- Vol. 1 (1) , 169-182
- https://doi.org/10.3406/edyte.2003.873
Abstract
Les grands écroulements rocheux (V> 1 x 106 m³) constituent un processus majeur de la morphodynamique des versants de la haute montagne alpine. Rendue indispensable par la vulnérabilité très accrue des sociétés alpines depuis un demi-siècle, la reconnaissance de la fréquence et de l 'intensité de cet aléa requiert l'étude géomorphologique des dépôts engendrés. Le bassin glaciaire de la Brenva se prête à une telle étude : en effet, d'une superficie de 8 km² et s 'écoulant sur 3400m de dénivelée, ce glacier, dominé par de hautes parois supraglaciaires, a été parcouru à deux reprises au XXe siècle par un grand écroulement rocheux. Le 18/01/1 997, un volume rocheux de ~ 2 x 106 m³ se détacha de l'Eperon de la Brenva (3873m) ; sa chute sur le glacier déclencha une énorme avalanche en aérosol. Le dépôt mixte (matériel granitique, glace et neige) de cet écroulement recouvrit l'essentiel du glacier inférieur, à l'image de celui des écroulements de novembre 1920, dont le volume rocheux de 2.5-3.5x106 m³ provenait du Grand Pilier d'Angle (4308 m). La géométrie du bassin glaciaire et du glacier inférieur de la Brenva contraint la trajectoire des écroulements de sorte qu 'une part des dépôts d'écroulement — contrôlée par l'encaissement du glacier inférieur entre ses moraines latérales — recouvre le flanc externe de la moraine latérale droite (comme ce fut le cas en 1920 et 1997) et forme un tablier basai. Alors que l'apport d'épaisseur métrique de chacun des deux écroulements du XXe siècle a constitué une partie de sa surface actuelle, ce tablier basai hypertrophié suggère l'occurrence d'un nombre minimal de 20-40 grands écroulements pendant l'Holocène. Tandis que des dépôts anciens recouvrent le pied du versant ubac du Val Veny, divers arguments géomorphologiques, sédimentologiques, historiques et iconographiques suggèrent l 'occurrence de trois grands écroulements rocheux au Moyen-Age et pendant le PAG (> Ve-VIIe siècles, XIVe-XVe siècles, 1767), en accord avec la fréquence holocène minimale de deux écroulements par millénaire déduite de l'analyse du tablier basai. La question de la relation entre rythmes de ces écroulements et fluctuations climatiques à pas de temps divers reste toutefois ouverte.This publication has 0 references indexed in Scilit: