Abstract
Les lacs Yelle et Clo, situés à environ 10 km au sud du lac Abitibi, ont respectivement livré des séquences continues de sédiments depuis la déglaciation de la région, vers 9 000 BP, et le retrait du lac proglaciaire Ojibway, vers 7 900 BP jusqu’à l’actuel. L’interprétation des diagrammes polliniques révèle que la rive sud du lac Ojibway était occupée, vers 8 900 BP, par une forêt ouverte dominée par l’épinette noire (Picea mariana), dans laquelle le tremble (Populus tremuloides) et le pin gris (Pinus divaricata) jouaient un rôle important. Ce type de paysage s’est maintenu durant environ 1 000 ans dans les collines alors insulaires entourant le lac Yelle, pendant que le niveau du lac Ojibway passait de 355 à 280 m. Lors de la vidange du lac Ojibway, la colonisation végétale des basses terres s’est effectuée rapidement. De 7 900 à 7 200 ans BP, la forêt appartenait déjà au domaine de la sapinière à bouleau blanc, occupant les stations mésiques, mais l’épinette noire et le tremble étaient abondants, de même que le pin gris. De 7 200 à 6 000 BP, la végétation a atteint un maximum de diversité et de thermophilie. Le pin blanc (Pinus strobus) s’est installé, surtout dans les collines et sur les stations xériques. Entre 6 000 et 3 250 BP, le genévrier (Juniperus) est devenu beaucoup plus abondant. Depuis 3 250 ans BP, la forêt s’est refermée, et l’épinette noire et le pin gris ont progressé, aux dépens du pin blanc notamment. La sapinière à bouleau blanc, sur stations moyennes, s’est toujours maintenue au sein du paysage et, malgré des différences, révolution de la végétation a été synchrone entre les deux sites depuis 7 900 ans BP.