Abstract
La structure locale du tellure liquide est le résultat d'une compétition entre : - des effets de potentiel, qui favorisent des configurations locales assez anisotropes - des effets entropiques, qui stabilisent des configurations plus isotropes. A basse température (liquide surfondu), les effets de potentiel dominent, et imposent des interactions fortement anisotropes entre les atomes du liquide. La structure locale est caractérisée par des corrélations fortes avec 2 voisins seulement, et faibles avec 4 autres. On observe donc une tendance des corrélations à être plutôt unidimensionnelles ; dans la limite (hypothétique) des basses températures, cette tendance aboutirait à la formation de chaînes. A des températures plus élevées, on assiste à un branchement progressif des chaînes, qui conduit à la formation d'une structure localement bidimensionnelle ; plus précisément, on a des interactions fortes avec 3 plus proches voisins définissant localement un feuillet, faibles avec 3 autres appartenant au feuillet voisin. Cette structure est dominante dans toute la gamme de températures où le liquide est stable. Enfin à très haute température, les corrélations deviennent encore plus isotropes : chaque atome a sa première sphère de coordination formée de 6 voisins équidistants (configuration cubique simple). Ces transformations sont évidemment liées à une augmentation de l'entropie (c. a. d. du désordre) du liquide, mais la nature de ce désordre n'est pas claire au premier abord. Une analyse en modes du désordre du liquide montre que l'évolution en température de l'entropie est dominée par les modes à très courte longueur d'onde (essentiellement des cisaillements locaux). De ce point de vue, le problème est assez semblable à celui du désordre de vibration dans certains semi-métaux solides (étain gris par exemple), et pourrait être interprété d'une manière plus quantitative par un calcul des constantes élastiques et des énergies de cohésion pour les différentes configurations locales