Abstract
Il y a encore une vingtaine d'années un historien traitant de la famille depuis le XVIesiècle nous aurait fait assister à la lente montée en Europe de la famille nucléaire moderne sous l'effet des transformations économiques et de l'action « modernisatrice » des États. L'idée du passage de la famille traditionnelle, caractérisée par des groupes domestiques larges et complexes, à la famille réduite actuelle où le groupe de résidence se limite à la cellule conjugale, à la fois unité de reproduction biologique et de reproduction sociale, cette idée était commune à la plupart des théories sociologiques : certains y voyaient le signe d'une décadence, d'autres la marche plus ou moins bienfaitrice du progrès. On aurait pu croire que l'essor de la démographie historique, en France, à la fin des années 1950 allait redonner vie aux recherches sur l'organisation des groupes familiaux dans lesquelles s'étaient illustrés, un siècle plus tôt, Frédéric Le Play et son école. Mais la mise au point d'une méthode d'exploitation sérielle de l'état civil ancien dont on avait négligé pendant longtemps les considérables ressources, conduisit les historiens à privilégier l'étude du mouvement et du volume de la population. S'ils s'intéressaient à la cellule familiale, c'était comme unité de reproduction biologique, non comme instance de reproduction sociale.

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