Abstract
Le monde rural paraît être aujourd'hui à un tournant, entre une civilisation traditionnelle qui finit de s'effriter, et une adaptation encore imparfaite aux nécessités de la vie moderne. Cette monographie essaie de montrer, de façon aussi comprehensive que possible, comment cette situation est vécue concrètement par une petite communauté villageoise, située à la pointe occidentale de la Bretagne : Goulien. Sa situation quasi insulaire, la stabilité de sa population, la force de la tradition locale, avaient assuré, au cours des siècles, une continuité telle que bien des traits que l'on pouvait y observer tout récemment y remontaient sans doute à la plus haute antiquité. Mais l'éclatement de l'horizon traditionnel, dont les premiers signes pourraient s'être révélés après 1918, a amené en quelques années des changements importants (lre partie). Au niveau techno-économique, cela se traduit d'abord par une modification de la structure professionnelle, avec une diminution considérable de la population non agricole ; au sein de cette dernière on observe une réduction notable des métiers d'intérêt local, dont certains ont complètement disparu, et le développement récent des professions dont le cadre est extérieur à la commune. Les agriculteurs, qui constituent la majorité de la population, sont affrontés à des conditions nouvelles (disparition de la main-d'œuvre salariée, insertion croissante dans l'économie de marché) et doivent, bon gré mal gré, essayer de s'adapter, en adoptant des techniques modernes qui, bien souvent, coexistent encore avec d'autres, restées presque entièrement traditionnelles (2e partie). C'est surtout dans la satisfaction de besoins quotidiens que l'évolution est la plus visible. Dans tous les domaines : habitation, ameublement, équipement domestique, alimentation, habillement, loisirs, on observe une nette tendance à se rapprocher le plus possible des normes urbaines, telles du moins qu'on se les imagine, ce qui n'exclut pas, néanmoins, une permanence inconsciente d'habitudes indélébiles. La population non agricole est d'ailleurs plus favorable aux changements que la population agricole (3e partie). Les transformations de la vie matérielle, jointes à une ouverture grandissante sur le monde extérieur, ont sans doute fortement contribué à accélérer la désagrégation d'un système de croyances et de pratiques héritées, pour beaucoup d'entre elles, d'une époque sans doute reculée, et qui, encore bien vivantes à la fin du siècle dernier, ne subsistent plus aujourd'hui qu'à l'état de survivances (4e partie). Finalement, c'est encore dans la structure sociale que, malgré l'apparition d'institutions nouvelles et la pression grandissante de la société globale, on peut observer la continuité la plus frappante, avec la division toujours actuelle de la commune en deux moitiés géographiques, l'existence de deux réseaux d'entraide et d'interdépendance dont l'antagonisme se traduit dans la vie politique, etc.. (5e partie).The rural world today is changing from a disintegrating traditional civilisation to one still imperfectly adapted to the needs of modern life. This monograph attempts to show in as comprehensive a manner as possible, how a little village community called Goulien, situated in the westernmost part of Brittany undergoes this change. The situation of this village is almost insular, and this, together with the stability of its population and the strength of local traditions, had established a continuity over the course of centuries such that many characteristics which were still apparent very recently were undoubtedly derived from a most remote antiquity. But the shattering of its traditional past, the first signs of which were probably revealed after 1918, has within a few years led to important changes (1st part). As far as the technical and economic levels are concerned, this change is manifest firstly in a modification of the professional structure, with a considerable diminution of the non- agricultural population ; crucial to this process has been a significant reduction in occupations of local interest, among which some have altogether disappeared, and the recent development of professions whose center can only be found outside the commune. The farmers, who make up the majority of the population, are confronted by new conditions (such as the disappearance of part-time hired labour and the growth of market economy) and they must, willy nilly, try to make the appropriate changes by adopting modern techniques, which, very often, still coexist with others altogether traditional (2nd part). It is especially in the satisfaction of daily needs of every kind that this evolution is most apparent. In housing, furniture, household implements, food, dress, and styles of leisure, one can observe a propensity of the villagers to adopt urban norms, at least such as they imagine these to be, as much as possible ; it does not, however, exclude the persistence of unconscious and indélébile customs. The non-agricultural population is more favorable to such changes than the agricultural population (3rd part). The material changes of life, together with increased contacts with the outside world, have undoubtedly contributed greatly to an accelerated disintegration of a system of beliefs and practices inherited, for the most part, from a very remote past, and while still very much alive at the end of the last century,...

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