Abstract
L'article vise à préciser le rôle de la personnalité dans la dynamique politique. On a considéré que la personnalité est un paramètre significatif (a) lorsque les agents politiques sont en position et ont les moyens d'exercer une influence stratégique sur le processus politique et (b) s'ils sont momentanément dégagés des impératifs de l'éthique et de la raison qui tendent à banaliser le comportement humain. La décision prise par un chef d'Etat moderne, lors d'une crise, correspond à une telle conjoncture. L'auteur assume au départ que les situations qui exigent la formulation d'une politique sont fréquemment porteuses de caractéristiques en harmonie avec la personnalité et susceptibles, de ce fait, de ramener le circuit décisionnel du système politique aux éléments de thérapie associés aux réactions psychiques du gouvernant. Pour vérifier le valeur heuristique de cette hypothèse, on a groupé, selon diverses conjectures, des faits révélateurs de la personnalité, chez Kennedy, d'après les exigences d'un modèle cybernétique. Après quoi fut examiné le rôle hypothétique des facteurs spécifiques à quatre décisions. L'étude révèle que la personnalité de Kennedy suivait un seul schème de motivation et que ce schème était différemment affecté par deux aspects dans chaque décision à prendre. Placé devant ce qui lui semblait être la perspective de régler une affaire (l'affaire cubaine et la crise de l'acier), il réagissait positivement, de manière à rétablir l'image qu'il se faisait de lui-même; placé devant un problème auquel il n'entrevoyait pas de solution (l'affaire de la Baie des Cochons et le cas Meredith), il se retranchait dans l'expectative. Une réaction positive se trouvait done à intensifier chez lui le besoin d'agir, alors qu'une réaction attentiste réduisait de fait ce besoin. La différence de résultat (succès ou échec) s'expliquait par le fait que ses mécanismes de réglage (pessimisme, prudence et scepticisme) affectaient chaque situation de façon identique: une réaction aggressive se trouvait ramenée à des proportions manœuvrables, ce qui entraînait des programmes d'action adaptés; une réaction défaitiste se trouvait amplifiée au point de le confiner à des stratégies marginales et inadaptées.

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