Drogue, facteur de délinquance? D'une image à son usage
- 1 January 1995
- journal article
- research article
- Published by PERSEE Program in Revue française de science politique
- Vol. 45 (5) , 747-774
- https://doi.org/10.3406/rfsp.1995.403573
Abstract
La lutte contre la drogue, organisée en France dans le cadre de la loi de 1970, prend pour cible les usagers de drogue présentés comme à l'origine d'une délinquance secondaire d'approvisionnement dont serait victime l'ensemble de la population. Ainsi, l'action contre la drogue, propriété de la police et de la justice, aurait aussi pour effet de lutter contre la délinquance touchant aux biens et aux personnes, conséquence supposée qui contribue à justifier la priorité de la répression antidrogue et le maintien du délit d'usage dans le cadre de la sécurité publique. Une étude de cas dans une ville moyenne française marquée par un taux élevé de délinquance et d'infractions à la législation sur les stupéfiants cherche à vérifier la réalité de cette représentation causale et d'en mesurer les conséquences opérationnelles. Une double analyse, qualitative des pratiques policières, et quantitative de leurs effets en termes d'interpellations, montre que les faits ne correspondent que fort peu à la représentation. Les données statistiques ne permettent pas de valider la représentation causale drogue-délinquance; mais surtout les pratiques policières, ciblées sur des publics particuliers, contredisent cette représentation : la lutte antidrogue ne contribue dans les faits que de façon marginale à la lutte contre la délinquance. La priorité accordée à une stratégie particulière de lutte contre la drogue a pu être identifiée comme la variable explicative de ce constat que le poids des techniques policières et une répartition cloisonnée des compténces viennent renforcer.Keywords
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