Abstract
Alcibiade et la question de la tyrannie chez Thucydide Selon Thomas Hobbes, Thucydide est « le plus politique de tons les historiographes ». Neanmoins, la plupart de ses commentateurs considèrent toujours son livre comme une oeuvre essentiellement « historique »; le moins que l'on puisse dire, c'est que son caractère « très politique » n'a pas reçu suffisamment d'attention. En qualifiant d'histoiré son ouvrage inachevé, nous affirmons implicitement qu'il n'offre pas une étude d'ensemble du politique. Je crois que cette interprétation est fausse. En quoi Thucydide est-il le plus politique des historiographes? Hobbes répond que par son choix des sujets et leur ordonnance, il permet an lecteur d'en tirer lui-même les leçons. Les réticences de Thucydide à commenter son propre texte sont universellement reconnues, mais comme l'affirme Hobbes, Thucydide s'adresse directement à ses lecteurs via son choix des sujets et l'ordre de leur présentation. Ce procédé ainsi que chaque remarque qu'il s'attribue sont particulièrement typiques de la méthode de Thucydide: pensons à ces passages dans lesquels il insère des « digressions », surtout lorsqu'il interrompt brusquement sa narration des événements. A partir de cette interprétation de Hobbes l'auteur étudie la présentation de Thucydide des événements entourant le rappel d'Alcibiade à Athènes lors de son expédition sicilienne, sa défection en faveur de Sparte et ses conséquences désastreuses pour Athènes et ses soi-disantes digressions surlafin de la tyrannie à Athènes. Le but de l'auteur est de préciser quelles lecons les lecteurs de Thucydide pensaient tirer de ses narrations.

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