Paléophytogéographie et paléoclimats postglaciaires dans l’ouest du Bas-Saint-Laurent, Québec

Abstract
L'analyse pollinique des sédiments de quatre lacs du Bas-Saint-Laurent et de la Côte-du-Sud permet de retracer l'existence d'une phase initiale de toundra s'étendant sur une durée estimée à 500-1000 ans, après à la déglaciation. Cette toundra montre un développement progressif à partir d'un quasi-désert jusqu'à un stade arbustif à bouleau glanduleux, en passant par un stade herbacé riche en plantes arctiques-alpines dont la présence est confirmée par l'analyse macrofossile. L'accumulation organique dans les lacs ne survient que vers 9500-9200 BP, soit plus de 2000 ans après la déglaciation, et correspond à l'arrivée des premiers arbres, d'après les macrorestes. Le tardiglaciaire régional paraît donc avoir été climatiquement très rigoureux par rapport aux régions sises au sud-ouest et au sud, dans les Appalaches. Les forêts sont restées ouvertes jusque vers 8000 BP, constituées surtout de l'épinette noire, des peupliers, du mélèze et du bouleau blanc. La zone pollinique correspondante est dominée par l'aulne crispé, qui a dû jouer un rôle important dans le couvert végétal durant une période caractérisée par une forte incidence des feux. Par la suite, la végétation moderne s'est établie, soit une mosaïque de sapinières et d'érablières avec sensiblement les mêmes séquences physiographiques et les mêmes gradients phytogéographiques régionaux que ceux actuellement constatés dans ce secteur des Appalaches. Les cédrières tourbeuses et les sapinières humides à thuya répandues actuellement dans les basses terres estuariennes et à la marge nord du plateau appalachien ne se sont toutefois développées que vers 3600 ans avant l'actuel. L'Optimum climatique holocene n'est clairement marqué que par une plus grande abondance du pin blanc de 7000 à 3600 ans BP, notamment à la marge nord du plateau appalachien.