Dynamique d’une bordure forestière par suite de la hausse récente du niveau marin, rive sud-ouest du golfe du Saint-Laurent, Nouveau-Brunswick

Abstract
La transgression marine sur la côte sud du golfe du Saint-Laurent a notamment pour effet de provoquer la dégradation des marges forestières. Le déplacement de la ligne de rivage s'effectue à une vitesse moyenne de 1,11 m/an, correspondant ainsi à un taux de transgression marine de 10 à 50 cm/siècle. L'étude d'un site représentatif à la pointe Escuminac, au Nouveau-Brunswick, a permis de mettre en évidence les changements survenus au sein dune bande forestière au cours des dernières décennies. Par l'analyse dendrochronologique et l'étude de la structure des populations, nous avons retracé les étapes de la régression de l'épinette rouge sous l'effet combiné de la transgression de la nappe d'eau marine et de la migration d'une plage qui lui est associée et d'autres perturbations non reliées à la dynamique littorale (feu et épidémies de tordeuse des bourgeons). La forêt étudiée tient son origine d'un feu datant du début du siècle. Elle a depuis été atteinte par deux épidémies de tordeuse l'une en 1914-17 et l'autre en 1954-58, tout en subissant progressivement les effets d'une humidité croissante. Les résultats indiquent que dans le processus de dépérissement des forêts. Ia transgression marine a joué un double rôle: celui de modifier les conditions de drainage des sols supra-riverains menant à la réduction de la croissance secondaire des arbres, et celui de limiter la régénération forestière après perturbation. L'analyse dendrochronologique permet ainsi de retracer sur une base spatiotemporelle l'ensemble des transformations ayant caractérisé la zone littorale au cours du dernier siècle.