Abstract
Par un paradoxe tout à fait conforme à la théorie webérienne de la relation entre Ies intentions des agents et le sens historique de leurs actions, la contribution la plus importante que Max Weber ait apportée à la sociologie de la religion se situe sans doute sur un tout autre terrain que celui qu'il a choisi pour son affrontement de toute une vie avec Marx. Si, dans son effort obstiné pour établir l'efficacité historique des croyances religieuses contre Ies expressions Ies plus réductrices de la théorie marxiste, Max Weber est parfois conduit à une exaltation du charisme qui, comme on l'a remarque, n'est pas sans évoquer une philosophic «héroique» de l'histoire a la manière de Carlyle, par exemple lorsqu'il désigne le chef charismatique comme « la force révolutionnaire spécifiquement ‘créatrice’ de l'histoire » (I), il reste qu'il fournit lui-même le moyen d'échapper à l'alternative simpliste dont ses analyses Ies plus incertaines sont le produit, c'est-à-dire à l'opposition entre l'illusion de l'autonomie absolue portant à concevoir le message religieux comme surgissement inspiré et la théorie réductrice qui en fait le reflet direct des conditions économiques et sociales: il met en effet en lumière ce que Ies deux positions opposées et complémentaires ont en commun d'oublier, à savoir le travail religieux que réalisent Ies agents et Ies porte-parole spécialisés, investis du pouvoir, institutionnel ou non, de répondre, par un type déterminé de pratiques ou de discours, à une catégorie particulière de besoins propres à des groupes sociaux déterminés.

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