Jeremy Bentham and the Public Interest
- 1 December 1968
- journal article
- research article
- Published by Cambridge University Press (CUP) in Canadian Journal Of Political Science-Revue Canadienne De Science Politique
- Vol. 1 (4) , 398-413
- https://doi.org/10.1017/s0008423900037781
Abstract
Jeremy Bentham et l'intérêt publicDe nouvelles interprétations de la notion d'intérêt public chez Jeremy Bentham sont l'indication d'un certain changement de perspectives en théorie politique. Aujourd'hui, on présente fréquemment Bentham comme un ennemi implacable du pluralisme alors que, hier, on l'attaquait pour son individualisme supposément anarchique. De ce point de vue, ses revendications pour les intérêts du peuple devenaient incompatibles avec quelque autre intérêt légitime : d'où une analyse sociale à la fois superficielle et dangereuse.En référant aux ouvrages juridiques de Bentham, on se rend compte qu'il ne niait pas le caractère de réalité de la communauté, car son nominalisme se limitait à la reconnaissance qu'a une communauté des intérêts irréductibles à ceux des personnes identifiables qu'elle comprend. De plus, si l'on examine la façon dont il traite des intérêts propres à la vie politique, on peut voir que Bentham s'attendait à ce que les citoyens forment un tout, spécialement au sujet des droits de propriété; et cela n'entraînait à aucune attitude de laissez faire débridé ni à quelque sombre machination d'intérêts au sujet des mesures publiques. C'est dans ses propositions de réforme institutionnelle qu'apparaît le plus clairement chez Bentham sa reconnaissance de la diversité politique. Il réclamait seulement un mode de représentation des intérêts jusque là négligés, et non la suppression des dirigeants de la société non réformée.L'analyse économique de Bentham montre une sympathie spéciale pour les intérêts inorganisés, mais en ne cherchant rien de plus que d'ouvrir de nouvelles avenues à des groupes jusque là incapables de poursuivre leurs intérêts propres. Est spécialement fausse l'assertion selon laquelle Bentham s'attendait à ce que les citoyens, participant à la volonté générate, se component de façon tout à fait altruiste. Cette assertion ne tient pas compte de l'explication minutieuse de Bentham montrant comment les électeurs, en dehors d'un régime de corruption, pourraient être libres de poursuivre leurs intérêts sans que la société n'en souffre. A cause de sa méfiance pour le principe d'équilibre (« balance ») en matière de constitution, Bentham était tout enclin à s'en remettre au contrôle mutuel des forces sociales pour réfréner les intérêts égoïstes.La formulation d'un intérêt public, comme composé d'un agrégat d'intérêts particuliers, n'est pas une formule aussi vide qu'on l'a parfois supposé; mais chez Bentham, qui l'emploie avec des degrés variables de signification, elle est encore plus complexe et ambiguë. Dès lors qu'on en tient compte, il devient possible de réévaluer quelquesuns des principaux textes dans le sens radical de la théorie démocratique classique.Keywords
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- The Concept of RepresentationPublished by University of California Press ,1967
- James Mill on Universal Suffrage and the Middle ClassThe Journal of Politics, 1962
- The Benthamite Theory of DemocracyCanadian Journal of Economics and Political Science, 1955