A propos de l'élément arctico-alpin de la flore corse

Abstract
Les auteurs ont essayé de dégager les caractères particuliers de la flore orophile de la Corse: C'est une flore pauvre en espèces (137 taxons). Elle est riche en endémiques (54%). L'élément méditerranéen y prédomine nettement et l'élément arcticoalpin (17%) présente un intérêt tout particulier en raison même des problèmes qu'il pose. Ce sont ces problèmes que les auteurs ont essayé d'étudier, à savoir: quelle est l'origine de l'élément aretico-alpin de Corse? Quand est-il parvenu dans l'île? Pourquoi n'a-t-il pas différencié des endémiques. Ils ont dénombré 23 espèces arctico-alpines. Pour chacune d'elles, ils ont étudié la répartition mondiale et la distribution particulière dans l'île en notant l'abondance ou la rareté, la valeur phytosociologique et les exigences écologiques, car la Corse représente pour la plupart d'entre elles la limite méridionale de leur aire de distribution. Enfin, ils ont déterminé sur des plantes récoltées en Corse les nombres chromosomiques, nombres qu'ils ont comparé avec ceux de plantes récoltées dans d'autres régions. Il résulte de leurs observations, que les plantes de Corse se rattachent toujours, aussi bien au point de vue morphologique (mêmes sous-espèces ou mêmes variétés) que caryologique à des plantes alpines et non à des plantes arctiques. L'origine des espèces arctico-alpines de Corse se trouve dans les montagnes d'Europe centrale et non dans la région arctique. En raison de l'extrême pauvreté de la flore arctico-alpine de Corse et de sa parenté avec celle des Alpes, les auteurs estiment que ces espèces arctico-alpines sont arrivées dans l'île à partir des Alpes dès le tertiaire, et qu'aucune espèce arctique n'y est parvenue après les grandes glaciations. Les arctico-alpines étudiées sont des taxons tertiaires ayant une valeur de relique. Elles trouvent en Corse, dans des groupements de haute montagne dont certains sont incontestablement relictuels, le micro-climat et les conditions écologiques et édaphiques qui permettent leur conservation. Les conditions biologiques créées par l'isolement insulaire n'ont pas favorisé leur évolution.